aphorisme

Idées courtes #36

Les ailes coupées

Au nombre des décès froids annoncés chaque jour il faudrait ajouter la mort des perdus, des esseulés, des tabassé(e)s, des malades autrement, des apeurés, des enfermés dedans ou dehors, en leurs murs ou dans leur tête pensante ailleurs, celle des affamés et de ceux qu’on affame, des dormeurs du trottoir, celle des à-côtés, des abandonnés, des écrits dans la marge. Il faudrait aussi annoncer la mort des joies, des insouciances, des légèretés d’enfants, la mort des confiances, des espoirs, des projets, des élans vers l’avenir, la mort des avenirs. La mort encore des amitiés et des amours éloignés, des caresses et des yeux aimantés, la mort des corps touchés, serrés et rassurés, des bouches assoiffées du goût des bouches et du parfum des peaux, celle des tendresses, des gestes-tendresse. La mort des mouvements, des voyages, même tout près, des possibles, des respirations, des belles mémoires. La mort des visages animés, entiers, du dessin vivant des expressions, du son clair des mots lancés.

Ci-gît, sous l’immense empêchement, la vie.

 

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On entend ça et là que la peinture ferait son retour. Pour ma part, elle ne m’a jamais quitté.

 

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Sur quel œil danser ?

 

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Retourner les idées reçues à l’expéditeur, le destinataire n’habitant pas à l’adresse indiquée.

 

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Je me souviens parfaitement avoir rêvé que je perdais la mémoire.

Mais quand ?

 

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Je ne peins que d’après ma nature

 

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Une œuvre nous touche dès lors que son inexistence nous aurait manqué.

 

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Chaque jour, je découvre la peinture

Chaque jour, la peinture me découvre

Ou le contraire

 

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Peintre de la lumière et travailleur de l’ombre

 

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Note : il faudrait tout noter.

 

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