Je n’ai jamais connu l’angoisse de la toile blanche, en revanche celle de la toile peinte me poursuit jour et nuit.
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En cas d’absence, je veille à fermer la porte de l’atelier à double tour. J’ai très peur que l’on ne vole mes pinceaux et mon encre (on me volerait une toile que j’en serais flatté).
En cas de présence, je ferme aussi à double tour. Je crains que l’on ne vole mon temps.
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Seul, on se plaint moins
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On dit souvent que chaque peinture est une forme d’autoportrait. Certains artistes peignent visiblement ce qu’ils ne sont pas.
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Quand un portraitiste officiel peint un paysage, même celui-ci semble avoir posé pour lui
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Je n’y arrive pas ! dit l’artiste désespéré. Alors il continua.
J’ai réussi ! dit l’artiste satisfait. Alors il se suicida.
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La sainte sueur
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Un beau paysage de mauvais goût
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Vient un jour où la formule « joyeux anniversaire » est reçue comme un douloureux oxymore.
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La peinture : une errance au bord des émotions, passées, présentes et à venir. Longer le drame.
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En parfait égoïste, si j’accroche aux branches des boules de graisse et alimente la mangeoire en graines, ce n’est pas pour nourrir les mésanges mais pour avoir, par la fenêtre de l’atelier, de la compagnie légère et poétique.
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Quoi de plus naturel que de nommer Carnets de bord mes blocs à spirales emportés sur l’estran pour dessiner les algues échouées ?
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Une algue dans une vague : une valgue (noté dans un Carnet de bord)
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Il est onze heures et vingt centimes.
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Dans la peinture, l’erreur est une matière.
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Dessiner non pour représenter, mais pour comprendre.
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Variante : dessiner non pour représenter, mais pour ne rien comprendre.
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